Un peu moins grunge

Ce week-end nous sommes allés à un mariage. J'y ai revu une fille avec qui je n'avais pas eu de contact depuis 7 ans. Elle n'avait pas changé, toujours le même look, le même corps (on se demande d'ailleurs où sont passés ses deux grossesses...), la même façon de parler, la même assurance... je lui ai fait remarqué. Là elle me regarde et me dit "Eh bien toi....[silence gêné et gênant qui me fait peur pour la suite]....t'es un peu moins grunge !" "J'ai évolué surtout, j'ai vieilli...".

Quand j'y repense, elle aurait pu me dire que j'étais bien aujourd'hui, plus élégante, plus femme, plus quelque chose quoi ! Non, je suis "moins" comme si le reste m'allait mieux avant...

Il y a une dizaine d'années, effectivement, j'avais adopté le look grunge en arrivant en première, après une année de seconde "découverte". Kurt Cobain s'était suicidé depuis peu, on l'élevait au titre d'icône, j'écoutais en boucle ses albums et portais du noir le jour de sa mort. Je m'habillais presque exclusivement dans les "second hand shops" où je payais les fringues au kilo, fringues que je customisais bien souvent et que je portais en couches par ordre inverse (les plus courtes au-dessus, exemple : pull, chemise à carreaux manches longues, t-shirt et gilet) et dépareillées, aux pieds des docs usées jusqu'à la corde, customisées elles-aussi avec de la peinture, des lacets de couleurs. Mes cheveux, peu coiffés, arborraient des mèches roses faites au feutre ou à l'éosine ; parfois j'achetais des colorations en supermarché (quand j'étais "riche"), de l'auburn sur mes cheveux blonds pour avoir une tête toute rose. Mes sacs de cours étaient faits maison avec les fringues que je ne portais plus et je fumais des roulés, par souci d'économie. J'étais "ugly, dirty & kind", jusqu'au bout des ongles peinturlurés en bleu ciel nacré écaillé et je découvrais le monde avec mes yeux charbonneux. J'ai trainé mon keffieh et ma dégaine jusque sur les bancs de la fac, hésité longuement avant de ne pas me faire des dreadlocks, ai pas mal zoné, erré...

Des changements sont apparus peu à peu dans mon look, je veillissais, acceptais mon corps et ses changements, je me suis coupée du monde étudiant en arrêtant mes études et en travaillant (avec un uniforme, j'étais chez Quick). J'ai changé d'amis, de vie et de fringues. Ensuite en intégrant une formation en secrétariat je n'ai pas eu d'autres choix que de faire les magasins pour avoir une tenue conforme à ce qu'on pouvait exiger de moi en entreprise... Effectivement moins grunge...

Je ne regrette rien... Ah si, je regrette quand même de ne pas avoir sauté le pas des dread !